Visite à la La Fondation Carmignac, fin sept 2022

Bonjour à toutes et tous,

il y avait un fil sur la Fondation et la virée avec Marie Noëlle en 2019, voici le récit de notre virée en 2022 avec le même prétexte : rejoindre l'île de Porquerolles depuis le Languedoc pour y visiter l'exposition de la Villa Carminiac. Cette année, "le songe d'Ulysse", thème de l'expo, avait de quoi motiver le plaisancier amoureux de la grande bleue !

C'est sur Tokay, le Folie Douce de l'association Tempo, que Nadiège et votre serviteur ont entrepris ce périple automnal, un peu court il est vrai. Mais la retraite approchant, il fallait bien prendre en main le canot et vérifier agréments et compatibilité d'humeur au sein de l'équipage... C'est donc après quelques menus travaux, installation de prise de ris "semi-automatique", commandes au cockpit, et l'échec de la mise en marche du pilote auto que nous partons de l'embouchure de l'Aude le jeudi 29 septembre vers 15h, une queue de tramontane au derrière.

Portant pas très agréable pour ce petit cul de Tokay, obligeant dès que la houle se fait sentir et que le vent baisse un peu, à tirer des bords de vent arrière. On remonte donc un peu, laissant Agde à babord et Sète au loin à la tombée de la nuit. F2 jusqu'au large des Saintes Marie, puis le vent passe Nord et monte assez bien : ça va mieux, on avance avec un ris GV et quelques tours au Génois. La houle s'est levée, on passe à 5 miles de l'embouchure du Rhone, le vent se renforce, les creux se forment jusqu'à de fortes rafales dans le golfe de Fos. Difficile de prendre le second ris, le génois est à moitié et la mer fume par moment ; le jour se lève à l'approche de la côte bleue. Vite à l'abris de la houle passé le Cap Couronne, on rentrera au soleil par le nord du Frioul suivi de près par un palace flottant, Sea Princess. Le vieux port de Marseille, ponton d'accueil puis Cercle Nautique, repos douche...





Journée à balader vers la Corniche, Endoume par le bord de mer, retour centre ville effervescent ; steaks tartares aux Arsenaux, reconstituant des effort fournis ! Appareillage vers 15h après une course chez AD (un peu de dynéma et le fanion tricolore). Petit mistral au démarrage, puis plus sympathique une fois le vent touché au sortir de la baie. C'est voiles en ciseaux que nous longerons la côte depuis les îles Maïres et Riou jusqu'à Cassis. On avance bien à 6 nœuds, la houle est calmée au début par les îles puis s'intensifiant, le ciseau n'est plus tenable et on zigzag alors vent arrière pour tourner le Bec de l'aigle et mouiller devant la plage de la Ciotat au couchant. Bien abrité, ce mouillage vaste accueille ce soir une dizaine de voilier, tous "plus gros" que nous.






(la suite plus bas, le "système" ne veux plus d'autres photos

Épisode 2 ; rappel, on vient de passer la nuit en baie de La Ciotat

Relevage de l'ancre au petit matin après déjeuner, même vent qu'hier : portant vent arrière, qui a du mal a démarrer et qui s'installe en mi journée. On passe la baie de Bandol/Sanary, on passe Cissié et le vent se renforce, passant progressivement à f4 puis f5. Le génois que j'avais déroulé et tangonné nous tire à plus de six nœuds, mais ça devient rouleur en vue de la presque île de Giens : on retire le trangon non sans difficulté et on poursuit un peu secoué sous génois seul, plus ou moins réduit, pour profiter de l'arrivée à Porquerolles. On s'amarre vers 17h sur le ponton le plus extérieur, F bis je crois, quasi désert. C'est Dimanche, personne n'a répondu à l'appel sur la Vhf canal 9, c'est normal.
Petite découverte du centre, de la place "mexicaine" et des eucalyptus pour Nana dont c'est la première visite. Chouette restau, blanc de la Courtade excellent, desserts somptueux : qu'est ce qu'on est bien !





Lundi matin, après les formalités de port, pas trop cher hors saison, bravo, on se décide : on va louer des vélos et parcourir l'île d'ouest en est.
Loueur, petit ravitaillement boulange et salade, et c'est parti pour la plage d'argent (du "monde" au mouillage, gros catas assez près, pas mal de randonneurs, on file). Anse du Bon Renaud, magnifique structure géologique, quartz blanc et schiste feuilletés. On pousse plus à l'ouest, côtes (courtes, certes) et descentes se succède jusqu'au(x) Langoustier(s). Chemin un peu escarpé sur la fin, l'isthme de l'arrivée est une merveille. Quelques vélos, puis un troupeau de canoés joyeux et criards traverse le paysage : nous nous posons au Grand Langoustier et nageons dans l'eau fort fraîche. Le pic-nique est partagé avec un goéland hardi, puis je m'apitoie sur les laisses de plastique qui se cache dans le sable et sous les algues : en très peur de temps, ma main est pleine de débris... Est-ce trop tard déjà ? En route pour l'autre côté de l'île

Épisode 3, on repart de l'autre côté de l'île


Après être repassé par le centre, nous voilà bordant la plage de la Courtade, puis le fort de l'Alycastre et la plage Notre Dame. Quelques bateaux au mouillage, quelques randonneurs à pieds ou à vélos, mais c'est tranquille comme tout. Le soleil perse un peu plus. Nouvelle séquence "plastique de bord de mer" à Notre Dame : moins d'une minute de ramasse à deux et ma main est pleine... Comme c'est beau pourtant, cette île ! 
On repart, se perd un peu dans les sentiers interdits des domaines viticoles, pour monter la côte qui domine l'anse des galères, tout à l'est. Superbe traversée des vignes et arbousiers, peu ou pas de champignons, et le sentier pédestre qui arrive au bord de l'eau : on est transporté, au bout du monde. Vu sur Pors Cros, Bagaud et un bout du Levant. On se presse pour ramener les vélos avant la fermeture. Petite course, billets sur le web pour la visite du lendemain, météo pour prévoir le retour.







Mardi 4 octobre, déjeuner, puis Villa Carminiac pour l'ouverture à dix heures.
Une dizaine de personnes devant l'entrée, quinze quand ça ouvre. Laïus à l'entrée, attention, labyrinthe, pieds nus, bonne visite. La descente n'a pas changée, toujours la grande liane bleue ; puis c'est un festival, de salle en salle, tournant autour de celle où les voiles mêlées sur le plafond d'eau suggèrent le naufrage, repartant vers le nord pour des trouvailles habilles, au sud vers des découvertes cumulant divers styles, puis à l'est et l'ouest en repassant toujours pas la salle des voiles, c'est déphasant. On se perd avec joie, on cherche le minotaure, les sirènes, Ulysse, on bute sur de fausses sorties, de faux escaliers. Des œuvres minuscules, d'autres très grandes, des connues et d'autres inconnues : ce va et vient, c'est la mer.
On sort une heure et demie après ébloui, tant par ce que l'on vient de voir que par la lumière du dehors et le jardin qui s'ouvre en contre-bas.
Trois-quart d'heure "seulement" au jardin, peu de choses ont changé ici depuis la visite précédente, mais c'est toujours un régal.

On rentre manger un morceau et la décision de commencer à rentrer est prise. On part dans l'après midi, le vent est léger, ouest, il va tomber dans la nuit : un bidon de gasoil en plus fera sécurité.

Épisode 4 : après la visite de la Villa Carminiac, on rentre !

Après midi de mardi, on quitte le port avec un fond de regrets, voir le phare, voir le reste, cueillir les lactaires safranés ; bref.
On traverse vers le Grand Ribaud, doucement, petit vent. On passe devant la tour fondue ; hop, un ketch échoué au fond de la plage du Pradeau ; ressemble à Altaïr, faut prendre des nouvelles...
On passe entre les îles, le brouillard tombe vite, le vent aussi. On met un rapala à l'eau, sans canne, mais il faut affaler. On y voit de moins en moins. C'est le moteur qui nous fera traverser jusqu'au lerge du cap Cépet, et la lune fera son apparition alors que le brouillard se dissipe. Ouf ! Un peu angoissant, cette arrivée de la nuit et du brouillard simultanée ! En remontant la ligne, Nana y trouve une sorte de maquereau (?) qui fera notre joie. Le moteur nous pousse vaillamment jusqu'à La Ciotat où nous rentrons au port vers minuit. Amarrage au ponton, dodo...





Mercredi 5

Départ à l'aube. Que de yachts en maintenance dans ce port de la Ciotat ! On se faufile, on profite du lever du jour devant la côte vers Cassis, mais au moteur hélas. On arrivera à tenir les voiles hautes à petite allure de vent arrière (décidément !) un peu avant Jarre et Riou. Longtemps on verra Planier qu'on laissera sur tribord, puis à 2 ou 3 nœuds sous voile, on accueillera la nuit et la brume par bancs, de temps en temps.
Faraman, les pécheurs au large des Saintes, puis le brouillard à nouveau, épais, nous empêchant de distinguer l'approche de Sète et du Cap d'Agde. Moteur. Nouvelle tentative de voiles, moteur. Malgré nos quarts respectifs, la fatigue se fait ressentir fortement et je me sens m'assoupir par deux fois : on met à sec, un projecteur dans la grand voile ferlée, feu de route allumés et on va dormir "une demie heure" dans un clapot remuant. On est à 18 miles de la côte.
Une demie heure après, sans sommeil, on remet en route en se tenant compagnie, il est cinq heures.
Quand l'aube se pointe, le brouillard s'effiloche. On remonte les voiles, on entre-aperçoit la côte, Sète au Nord, Cap d'Agde en face. Rentré faire un café, je vois de l'eau au dessus du plancher, à fleur... Inspection : trace de coulure d'eau sur le moteur. La pompe et l'écope évacuent une eau marron. Frontale, la fuite est localisée au niveau du couvercle de l'échangeur d'eau. On repart à la dérive parce que la houle est désordonnée, croisée et trop peu de vent. Les outils, hop, le couvercle, les durite, hop. Heureusement, il y a d'autres joints toriques à bord et un nouveau vient combler la fuite. Niveaux refaits, Test, ok. 
Passez Brescou prendra plus de trois heures, début de tram (dans le nez) remettra le moteur e route jusqu'à ce que le Marin nous autorise un long bord devant Valras et tourner l'embouchure pour remonter à notre place vers 18h.

On est ravi de cette semaine vive et tiède, on en refera d'autres, c'est sûr !

Merci à Marie Noëlle pour son partage du bateau et son soutien fraternel, merci à Christophe pour cette belle annexe qui équipe Tokay,
Salutations nautiques et maritimes, Pierre

Belle virée, bravo

Récit intéressant ( surtout pour un « nordiste «  ). Sans doute la meilleure saison pour caboter tranquille dans ces eaux très fréquentées l’été?

Merci pour ce long récit détaillé ! Je m'y suis crue, qui l'eut cru ??? ;-)

Du brouillard la nuit au large en Méditerranée ? même en faisant un gros effort de mémoire, j'ai jamais connu ça... 
Bravo encore une fois pour avoir trouvé et réparé la fuite... pas cool quand même ?

Dommage que vous ayez pas pu rester un jour ou deux de plus, hein ? c'est toujours ce qu'on se dit à Porquerolles hors saison et hors week-end.

A bientôt les amis.

tribal a écrit:Récit intéressant ( surtout pour un « nordiste «  ). Sans doute la meilleure saison pour caboter tranquille dans ces eaux très fréquentées l’été?

Oui, bien que le mot tranquille ne soit pas toujours de saison ou durable ! Les changements sont évidents quelques fois plusieurs fois dans la journée.

Le brouillard, Flora, il n'était pas au grand large je crois, et nous en avons eu surtout en traversant la baie jusqu'à Cissié, et au large de Sète. peut-on parler de large en traversant ? Mais c'est aussi la première fois que j'en vois (?) de si dense et nocturne. J'ai mis ça sur le compte de l'eau assez chaude loin de le côte.

? quand t'es dans le brouillard (depuis trop longtemps dit la chanson);
tu n'en vois qu'autour de toi. La nuit, il masquait la lune entièrement en assombrissant totalement.

Quand j évoquais la tranquillité de la saison, je pensais à la plus faible fréquentation dans les ports et les zones de mouillage réputées

Peyo, pour moi le large, c'est quelques milles de la côte ! Tu dis que tu as laissé le Planier à tribord... 

Le "grand" large, c'est à partir d'une 20aine de milles de la côte, d'après les bulletins météo !

Merci pour la balade, Peyo
A bientôt, les amis

Content de te lire Peyo, et de  vous voir en image. Ça fait une belle virée.  J'espère fortement vous voir vers Sete bientôt !

Ah, j’avais loupé le fil sur la croisière de Tokay.
Superbe récit avec les photos.
A bientôt j’espère.